
Artiste peintre, je vis à Paris et travaille dans l'atelier Kumo situé à Ivry-sur-Seine.
Initialement formée à la sociologie et à la communication politique, j’aborde la toile comme on aborde une question : avec méthode, doute et écoute. Pour moi, la peinture est un espace où la langue et la matière se frottent, s’usent et se déplacent car chacune de mes séries naît d’un poème ; le mot déclenche le geste, puis le geste déplace le mot.
Je peins le passage et l'éphémère : souvenirs, émotions, nuances minuscules d’une présence qui s’efface ou se reforme. Ce va-et-vient construit une rigueur du fragile : observer le réel dans ce qu’il a de ténu mais sans le figer. Mon geste est volontairement limité : un spalter, toujours le même. Je provoque un accident en mêlant les couleurs directement sur la toile, et c’est de ce désordre que la forme émerge.
Mon échelle est celle du détail. Je regarde de près, presque au microscope : dans les traces, les passages, les effacements, je cherche les lois discrètes de la transformation. Je peins pour partager des émotions et qu’on les amende : que quelqu’un s’y arrête et y voie ce qu’il n’arrive ni à dire ni à montrer ou différemment. La toile est un miroir poreux, une rencontre : une part de moi, une part de l’autre.
Le beau, pour moi, est politique. Je le place partout : dans le triste, le vain, le presque, le jamais. C’est une position discrète et ferme : défendre la nuance, la tendresse, la lenteur, dans un monde qui valorise les cris. Mon travail ne parle pas du monde, il parle depuis lui et propose un autre rythme de perception : attentif, patient.
