J’écris avant de peindre parce que c’est ainsi que je choisis mes sujets et que me vient l'inspiration.
Les mots me permettent de venir figer ce qui bouge trop vite : une idée, une émotion, un souvenir, une tension.
C’est une étape de mise au point fondamentale dans mon travail car je ne cherche pas d'image à créer, mais un point d'équilibre à partir duquel je peux commencer mon abstraction.
Un poème, c’est déjà une manière de regarder depuis le monde.
Il me donne la température du moment, la distance juste.
Quand je peins ensuite, je reprends ce mouvement, mais sans la logique du langage.
La peinture ne traduit rien, elle prolonge ce que le texte a ouvert, mais avec d’autres moyens : la couleur, le geste, le temps.
Écrire, pour moi, c’est penser net.
Peindre, c’est accepter que tout se brouille un peu, mais que quelque chose d’essentiel apparaisse dans la juance.
Entre les deux, il y a le passage : l’endroit où la pensée devient visible, mais pas encore figée.
C’est là que je travaille. Ces deux gestes ne feront jamais exactement la même chose, mais ils me conduisent ensemble vers la même clarté.