J’exhume ce qui s’est déposé entre les gestes, dans l’intervalle des caresses, là où le langage n’arrive jamais.
La fièvre nous défait plus vite que le cœur.
Roland Barthes, dans Le plaisir du texte, distingue le plaisir qui est ordonné, lisible, de la jouissance, qui dérange, qui déborde, qui suspend l’ordre du discours.
Il écrit : « La jouissance commence là où le signe se désorganise. »
Je peins dans ce lieu-là.
Un lieu de perte maîtrisée.
Un lieu où la matière prend le relais du mot, et où le silence se fait syntaxe.
Annie Ernaux, qui m'a également inspirée pour cette série quant à elle, n’écrit pas sur le corps : elle écrit depuis lui. Ses textes arrachent à la chair ce qui l'a marquée : la honte, le sexe, l’attente, la dépossession.
Elle donne forme à ce que le corps sait, mais que la langue n'a pas encore verbalisé.
Moi, je peins l’écriture du corps effacé, ce qui reste quand la peau s’est retirée, mais que le souvenir persiste.
Chaque toile part d’un vers que je recouvre.
Les mots disparaissent sous l’ocre et le carmin.
Mais leur syntaxe reste et devient celle du pinceau.
La phrase se mue en geste, la césure en entaille.
Ce que vous voyez ce ne sont pas des peintures abstraites mais une figuration de l’invisible :
les contractions du désir,
la partition des silences,
l’anatomie d'un lien.
Je cherche, sous ta peau,
ce que tu retiens du monde.
La fièvre nous défait plus vite
que le cœur.
Alors nos ombres s’unissent
en un seul animal.
De fleurs et de fer.
J’ai su et cédé
au goût de ta langue égarée.
Et rien, rien ne se dit
— quand le jour revient.

Je cherche, sous ta peau,
ce que tu retiens du monde.
Peinture sur toile, 92x73cm

La fièvre nous défait
plus vite que le cœur.
Peinture sur toile, 92x73cm

Alors nos ombres
s’unissent en un seul animal.
Peinture sur toile, 80x80cm

De fleurs et de fer.
Peinture sur toile, 116x89cm

J'ai su et cédé
au goût de ta langue égarée.
Peinture sur toile, 116x89cm

Et rien, rien ne se dit — quand le jour revient.
Peinture sur toile, 116x89cm


De fleurs et de fer
